Un ensemble d’hôtels et de bureaux livrés à Nice en 2021 aura été sa dernière réalisation. A 91 ans, Gérard Grandval ne construisait toutefois plus beaucoup, mais il restait très lié au monde de l’architecture. Il siégeait chaque année au jury du prix du livre d’architecture, notamment, où on l’écoutait avec la déférence due aux grands créateurs. Son nom reste à jamais associé, de fait, aux « choux » de Créteil (Val-de-Marne), ces tours rondes aux allures de fantaisies végétales dont les balcons sculptés évoquaient au choix des pétales de fleurs, ou des feuilles de ginkgo biloba.
Inscrit depuis 2008 au patrimoine du XXe siècle, cet ensemble de logements a contribué à forger l’identité de la préfecture du Val-de-Marne et sans doute éclipsé le reste de son œuvre. L’architecte le vivait plutôt bien, qui aimait ses « choux », aimait en parler et venait régulièrement vérifier comment ils vieillissaient. Il est mort jeudi 2 décembre, à l’âge de 91 ans.
C’est à Paris que Gérard Grandval est né le 7 octobre 1930. Amateur d’échecs, de peinture et de philosophie, de ski et de tennis aussi, ce fils d’ingénieur étudie l’architecture aux Beaux-Arts et termine de se former aux Etats-Unis, dans le cadre d’un stage à l’institut d’urbanisme de Philadelphie. Lauréat du prix de Rome en 1961, le Graal de l’époque pour accéder à la commande publique, il réalise coup sur coup, dès l’année suivante, un complexe sportif pour la ville de Cannes et un laboratoire d’électronique intertechnique pour celle de Plaisir (Yvelines).
Une certaine qualité de vie
Les années 1960 le voient s’investir dans l’architecture modulaire qui se développait alors en réponse aux besoins de la société des loisirs de masse à la faveur des nouveaux matériaux issus de l’industrie pétrolière. Il conçoit ainsi une école de ski pour la petite station pyrénéenne d’Arette en 1966 sous la forme d’une double coque en bois et polyester, aisément montable et démontable. C’est le « chalet coquille », principe qu’il déclinera ensuite de diverses manières. L’esprit pop qui y souffle se retrouve dans les bureaux qu’il fera pour Cacharel une décennie plus tard, collection de cellules en plastique multicolores disséminées sur de grands plateaux, le directeur ayant pour lui un cube en plexiglas où tout, des meubles aux murs en passant par le téléphone, était transparent.
Car l’architecte était aussi designer. Ses « choux » en portent indéniablement la trace. En 1968, il est sélectionné avec d’autres pour moderniser la ville de Créteil qui venait d’être choisie pour devenir la préfecture du tout nouveau département du Val-de-Marne. Elle était encore largement agricole et le quartier du Palais qui lui est confié s’inscrit dans une plaine maraîchère qui alimentait Paris en légumes depuis 1860. Pour bâtir ses logements, il avait carte blanche.
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