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La France dans l’étau des métaux stratégiques et critiques

Mise en exergue lors de la pandémie mondiale, la sécurisation des approvisionnements en matières premières minérales est actuellement l’une des préoccupations industrielles majeures. Les paramètres ont évolué depuis l’âge d’or de l’industrie française et désormais, les enjeux géopolitiques, la dimension européenne et les considérations environnementales font partie de l’équation.

Depuis la relance d’une politique française des métaux et la création du COMES (Comité pour les métaux stratégiques) par décret n°2011-100 du 24 janvier 2011 (1), la France s’est progressivement engagée dans la voie d’une identification de ses vulnérabilités industrielles et technologiques existantes liées aux métaux ; dans le lancement de campagnes d’exploration des fonds marins avec l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans ses zones économiques exclusives (ZEE) ; dans la relance d’une industrie du recyclage des métaux ; et dans des programmes de recherche sur les nouveaux matériaux qui ont pour objectif de redonner à la France un avantage compétitif dans le secteur de la valorisation et de la transformation des métaux.

Tirés du sous-sol et traités pour les intégrer à un processus industriel visant à créer des produits finis, les métaux sont une ressource plus ou moins rare, répartie plus ou moins régulièrement dans le monde et globalement non ou peu renouvelable selon les technologies et modes de consommation actuellement en vigueur. La classification périodique des éléments chimiques permet de répertorier les matières naturelles en 10 séries chimiques aux propriétés physicochimiques homogènes. Sept d’entre elles se rattachent aux métaux alcalins comme le lithium ; les métaux alcalino-terreux comme le béryllium ou le magnésium ; les métaux dits « de transition » comme le chrome, le manganèse, ou le platine (2) ; les métaux pauvres comme l’aluminium ; les métalloïdes comme le bore (3) ; les 15 lanthanides tous membres de la famille des terres rares comme le cérium ou le néodyme ; et les 15 actinides comme l’uranium.

Ce bref rappel à la définition de ce que sont les métaux montre aussi toute la complexité de ce problème contemporain qui est à la fois géologique, minier, chimique, technologique, financier, industriel, militaire et géopolitique. Ce n’est pas non plus une question complètement nouvelle : les temps préhistoriques ont été marqués par l’âge du bronze (un alliage), l’âge du cuivre, ou chalcolithique, et par l’âge du fer. La protohistoire, juste avant le début de l’histoire, qui correspond peu ou prou à l’apparition de l’écriture, et l’Histoire derrière elle sont d’ailleurs aussi appelées l’âge des métaux.

La France et les métaux : un lien historique

Plus que jamais, notre monde est effectivement celui de l’âge des métaux. Ces derniers ont une grande diversité d’application. Ils sont utilisés dans la composition de produits de base comme des produits de haute technologie. Leur processus de transformation reste souvent complexe en raison des compétences requises pour les industrialiser. À titre d’exemple, la vallée de l’Arve, située en Haute-Savoie, et ses industriels du décolletage (4) disposent d’un savoir-faire particulier et très pointu pour fournir aux grands industriels de l’automobile, de l’aéronautique ou de la santé les pièces (vis, écrous, axes, etc.) dont ils ont besoin. Les activités industrielles fondées sur la transformation des métaux sont, faut-il le souligner, très présentes dans les produits industriels les plus courants (automobiles, appareils électroménagers, etc.).

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