Parti d’Odessa lundi matin, le Razoni, un cargo chargé de 26 000 tonnes de maïs, a été inspecté dans la matinée de mercredi 3 août, à l’entrée du Bosphore, par une équipe d’experts ukrainiens, russes, turcs et des Nations unies, coiffés de casques orange. Une fois l’inspection terminée, le Razoni a fait retentir sa sirène avant de s’engager dans l’entrée nord du Bosphore et de poursuivre sa route à destination du port libanais de Tripoli.
L’opération s’est déroulée sans anicroche. Les couloirs sécurisés ouverts en mer Noire ont fonctionné, l’inspection n’a pas duré plus d’une heure et, pour la première fois depuis le début de l’invasion russe, l’Ukraine a pu faire sortir un premier chargement de céréales.
L’opération consacre le succès des accords signés séparément par Moscou et Kiev, le 22 juillet, à Istanbul, sous l’égide de la Turquie et des Nations unies. Une petite partie des céréales bloquées en Ukraine depuis le début de l’invasion russe, le 24 février, a pu sortir via la mer Noire et être exportée. L’arrivée d’autres navires est espérée depuis Odessa, mais aussi depuis Tchornomorsk et Ioujne, les deux autres ports ukrainiens mentionnés dans l’accord.
« C’est une situation très agréable et dont nous sommes fiers », a déclaré Hulusi Akar, le ministre turc de la défense à l’agence de presse officielle Anadolu. A cette occasion, il a rappelé les efforts diplomatiques intenses déployés par son pays qui ont permis la signature de l’accord sur les exportations de céréales.
Selon la partie turque, d’autres navires devraient emprunter les couloirs maritimes sécurisés dans les prochains jours. D’après Kiev, dix-sept cargos chargés d’environ 600 000 tonnes de denrées agricoles sont prêts à partir. Pourtant, excepté le Razoni, aucun autre navire n’a quitté l’Ukraine ces dernières quarante-huit heures.
« Nous espérons que le processus se poursuivra sans interruption ni problème », a tweeté le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, après le départ du Razoni. Résolument optimiste, il a souhaité que l’accord contribue à renforcer la confiance entre Moscou et Kiev, au point d’amener les belligérants « à un cessez-le-feu et à une paix durable ».
Le succès de l’accord d’Istanbul rehausse l’image du président Recep Tayyip Erdogan sur la scène internationale, redonnant à la Turquie sa centralité géopolitique, renforçant sa position de médiateur impartial entre Kiev, à qui elle fournit des drones de combat, et Moscou, dont elle dépend pour sa sécurité énergétique et alimentaire.
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