Six bonnes habitudes à garder après le confinement

Le confinement a chamboulé notre routine, nous a poussés à changer nos habitudes et à en adopter de nouvelles. Quelques-unes d’entre elles mériteraient d’être conservées une fois que notre rythme de vie retrouvera une certaine normalité, alors que d'autres mériteraient peut-être d'être découvertes. En voici six sous la loupe!


Se protéger, dès le hall d’entrée 

La pandémie nous aura fait prendre conscience que nos mains sont des vecteurs importants de propagation des virus. «Lavez-vous les mains» est probablement la recommandation que nous avons le plus souvent entendue dans les dernières semaines. Et pour cause. «Nos mains touchent à tout, deviennent remplies de tout, et il n’y a pas juste les coronavirus dans la vie, il y a des centaines d’autres germes, de microorganismes et de virus qui peuvent être vraiment infectieux et nous causer des problèmes sur le plan de la santé», rappelle Normand Voyer, professeur au Département de chimie à l’Université Laval.

Une bonne habitude à conserver, même quand il n’y a pas de pandémie, est de se laver les mains pendant 20 secondes dès que l’on entre dans la maison.

Le lavage des mains pendant 20 secondes dès que l’on entre dans la maison serait une bonne habitude à conserver, selon Normand Voyer, professeur au Département de chimie à l’Université Laval.

M. Voyer mentionne aussi la possibilité d’avoir à sa disposition un gel désinfectant ayant un taux d’alcool d’au moins 60 % à 70 % sur le meuble d’entrée afin de faciliter la décontamination des mains, pour ensuite se les laver avec de l’eau et du savon. «Si vous entrez et que vous avez accès à votre évier de cuisine tant mieux. Mais si vous entrez, vous attendez 5 ou 10 minutes, vous avez fait le tour de la maison, vous êtes allés à la salle de bain, il est peut-être possible que vous en ayez mis un peu partout.»

Établir une bonne routine postépicerie 

Normand Voyer insiste également sur le lavage des mains après avoir manipulé les aliments achetés à l’épicerie. Mis à part le SARS-CoV-2, d’autres virus, comme les norovirus, peuvent rester infectieux jusqu’à deux semaines sur différentes surfaces, et causer éventuellement une gastro-entérite.

Il recommande de rincer à l’eau les fruits et les légumes en les frottant, non seulement pour déloger les particules virales et les germes qui sont à la surface, mais aussi les résidus de pesticides. «J’espère que c’est une pratique minimale qui va rester.»

Brosse à légumes en fibres de coco en vente sur la boutique en ligne de Les Mauvaises Herbes, les-mauvaisesherbes.com.

En temps de pandémie, frotter les fruits et les légumes avec un chiffon d’eau savonneuse avant de les rincer est une mesure supplémentaire, car le savon inactive la plupart des virus. Pour ce qui est des autres denrées, vous pouvez les nettoyer avec un linge savonneux. Le chimiste rappelle que le SRAS-CoV-2 demeure actif sur le plastique et l’acier durant trois jours. Si, à votre retour de l’épicerie, vous placez conserves et autres emballages dans le placard et vous n’y touchez pas pendant quelques jours, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. 

Laver les surfaces régulièrement

Cela peut paraître évident, mais il faut laver les surfaces telles que les poignées, particulièrement celles de la salle de bain, les dessus de tables, les interrupteurs, les claviers, les téléphones, les robinets, les éviers et les comptoirs régulièrement.

Nous avons pris l'habitude de le faire plus souvent, il faut continuer de laver régulièrement les surfaces, surtout celles où les points de contacts sont nombreux. 

Normand Voyer conseille de faire confiance à des produits qui ont été testés et approuvés par Santé Canada. «La petite vache et le vinaigre, c’est correct pour laver vos vitres, mais pour désinfecter vos comptoirs ça ne fonctionne pas.» Les coronavirus, par exemple, «demeurent infectieux plus longtemps dans des milieux acides que dans des milieux basiques».

Faire ses produits maison

Qui n’a pas vu passer de publication sur les réseaux sociaux d’amis qui ont fait leur propre pain? En effet, le «fait maison» a pris de l’ampleur lors du confinement, surtout chez les jeunes de 25 à 34 ans selon un sondage publié par l’Observatoire de la Consommation Responsable (OCR) auprès de 1000 Québécois. Cela concerne surtout la cuisine, car 68,5 % des personnes ont cuisiné davantage. Par ailleurs, 18,5 % ont fabriqué leurs propres produits ménagers.

Sylvia Beaudry croit que les produits à base de savon, qui délogent et dissoudent les graisses contribuent à assainir les surfaces. 

«Le temps, c’est le nerf de la guerre», lance Sylvia Beaudry, gérante de la boutique de produits en vrac La Récolte sur l’avenue Cartier. Car oui, pour fabriquer ses propres produits ménagers et cosmétiques, entre autres, ça demande du temps, mais on peut «sauver de l’argent», selon elle, car en achetant ses matières premières on ne paie pas pour la manutention, entre autres. Cette habitude de faire soi-même permet également, à son avis, d’augmenter son sentiment de fierté, de se réapproprier un savoir-faire qui a été perdu et de reprendre son pouvoir en tant qu’individu.

Mais les produits ménagers faits maison sont-ils aussi efficaces que des produits commerciaux? Mme Beaudry est d’avis que «si on travaille avec des produits qui sont à base de savon, qui délogent, qui sont capables de dissoudre les graisses, on est en mesure d’assainir des surfaces qui pourraient avoir été en contact avec le virus.»

Le chimiste Normand Voyer ajoute «qu’il faut laisser plus de temps à ces produits pour agir». Il suggère de ne pas les essuyer afin qu’ils fonctionnent efficacement. 

Nettoyant tout usage dégraissant à faire soi-même (recette de La Récolte)

  • 2 c. à thé de cristaux de soude
  • 2 c. à thé de savon noir
  • 1 c. à soupe de vinaigre
  • 500 ml d’eau très chaude
  • 10 gouttes d’huile essentielle d’orange (facultatif)
  • 10 gouttes d’huile essentielle de tea tree (facultatif)

Préparation : si vous utilisez des huiles essentielles, mélangez-les préalablement dans le savon noir. Elles se disperseront mieux dans le mélange ensuite. Mélangez tous les produits ensemble dans un bol en verre ou en inox de préférence ou une grande tasse à mesurer en verre. Transférez dans un contenant muni d’un vaporisateur. Mme Beaudry a augmenté la concentration du savon compte tenu du contexte de la crise sanitaire.

Essayer de nouveaux produits responsables

Comme l’achat local est encouragé plus que jamais, pourquoi ne pas en profiter pour ajouter la variable écolo? Couvre-plats lavables, essuie-tout réutilisables, éponges végétales en sont que quelques exemples. Peut-être irez-vous à contre-courant de l’achat massif de papier hygiénique jetable et opterez-vous pour le combo bidet-papier hygiénique réutilisable? C’est l’expérience qu’a tentée Sylvia Beaudry, son conjoint et leurs trois enfants. 

Les essuie-tout éponges récolte écolo Hubert Cormier, ensemble de 4, 24 $ sur simons.ca.

«Vu qu’on est en confinement, on n’a pas de visite et on a arrêté d’acheter du papier de toilette en papier, et on a juste notre papier de toilette réutilisable. Il n’y a pas eu de levée de boucliers.»

La méthode est simple, selon Sylvia Beaudry : comme le bidet nettoie presque tout, les feuilles réutilisables ne sont pas si souillées que ça. On les fait tremper dans une chaudière, et quand celle-ci est pleine, on part un lavage à l’eau chaude avec les mouchoirs en tissus, si c’est une autre habitude que vous aurez intégrée à votre quotidien. «À la maison, c’est quelque chose qui s’adopte très bien», explique-t-elle. 

Réduire le gaspillage alimentaire

Le même sondage de l’OCR montre que seulement 17,1% des personnes ont mentionné avoir jeté davantage d’aliments périmés et plus de quatre personnes sur dix ont fait davantage de recettes anti-gaspillage depuis le début de la période de confinement.

En raison de la crise sanitaire, nous nous rendons moins souvent à l’épicerie et planifions davantage nos repas. Une habitude que Marianne Garnier avait prise même avant d’être chargée de projet à Sauve ta bouffe, une initiative qui lutte contre contre le gaspillage alimentaire.

«Tu as beaucoup moins de tracas, tu sauves du temps et de l’argent», a-t-elle remarqué. Même si elle pense que certaines habitudes prises durant le confinement vont peut-être être relâchées quand la vie reprendra un cours plus normal, car on «retombe facilement dans la facilité» dit-elle, les connaissances acquises pendant le confinement vont rester en trame de fond.

Voici ses conseils pour réduire le gaspillage :

  • Faire le ménage du frigo et du garde-manger afin d’éviter que les bactéries, les champignons et les moisissures s’accumulent et dégradent prématurément d’autres fruits et légumes dans le frigo. 
  • Planifier un menu sur sept jours pour éviter de retourner trop souvent à l’épicerie. Ainsi, on est moins exposé au marketing alimentaire et tenté d’acheter ce dont on n’a pas besoin. 
  • Faire la rotation des aliments dans le frigo en se donnant des repères visuels. Par exemple, ce qui est dans la partie droite ou à l’avant du frigo devrait être consommé en premier.
  • Tenir une liste qu’on gardera à portée de main sur laquelle on ajoute des items au cours de la semaine, pour ainsi éviter d’oublier quelque chose une fois arrivé à l’épicerie. 
  • Apprendre à substituer les aliments afin de ne pas être forcé d’aller à l’épicerie pour un ingrédient manquant à une recette. Un guide de substitution est d’ailleurs disponible dans le livre Sauve ta bouffe : guide et recettes pour réduire le gaspillage alimentaire au quotidien publié aux Éditions Goélette.

Une autre bonne habitude à adopter est le compostage, soit en installant un bac dans la cour et utiliser le compost pour le potager, soit en adhérant au compostage communautaire.

Une autre bonne habitude à adopter est le compostage, soit en installant un bac dans la cour et utiliser le compost pour le potager, soit en adhérant au compostage communautaire avec Craque-Bitume, par exemple. Marianne Garnier est d’avis qu’il s’agit d’une bonne pratique au lieu de jeter à la poubelle, «mais idéalement il faut profiter de la valeur nutritive des aliments et de tout ce qui peut être apporté à notre corps avant de le mettre au compost.»

Comment maintenir ces bonnes habitudes?

Le confinement est-il un moment propice pour adopter de nouvelles habitudes de vie? Oui, selon Lysanne Goyer, chef du service de psychologie et du service des soins spirituels au CHUM et psychologue en pratique privée.

Une fois que des habitudes sont installées, c’est difficile de les changer, tandis qu’à partir du moment où tout est chamboulé, c’est un excellent moment

Pour les maintenir dans le temps, cela demande de s’y préparer avant que la routine revienne comme elle l’était avant, explique la psychologue. Déterminer ses objectifs, ses priorités, ce qui serait être agréable d’être intégré à l’horaire sans que ce soit dramatique si on ne l’intègre pas. «Si on est irréaliste et qu’on en met beaucoup à l’agenda, et qu’il n’y a pas de place à l’erreur, c’est sûr que ça va être plus difficile à maintenir et d’adapter nos horaires en conséquence.»

Selon elle, il faut compter environ un an pour qu’un changement à long terme soit instauré. «Quand ça fait un an, tu t’es adapté, tu as eu des périodes de creux parce que c’est normal aussi d’avoir des creux, des petites rechutes, des moments où tu n’as juste pas le goût et ensuite tu décides de le reprendre. Ça prend un certain temps. D’ailleurs, moi je prescris la rechute».

Lysanne Goyer prône la méthode des petits pas et conseille d’écrire sur une feuille les raisons pour lesquelles on a choisi d’avoir cette nouvelle habitude et se rappeler qu’il faut demeurer tendre à son endroit en cas de période de rechute. «C’est à travers ces périodes-là que tu apprends davantage.»